Embarquée…

J’avais adoré le premier, et le deuxième – car j’en attends d’autres – m’a de la même façon embarquée. Et le mot n’est pas neutre. Les auteurs nous embarquent en effet dans un véritable road-trip aux côtés d’Amy, je préfère ne pas vous révéler son véritable prénom… Amy, veut à tout prix retrouver Bonnie, sa sœur aînée, partie depuis un an pour vivre son rêve de Playmate à Los Angeles. Elle n’a plus de nouvelles d’elle, s’inquiète et décide de la rejoindre. Elle n’est pas mécontente de toute façon de quitter la maison, un père alcoolique et violent, une mère qui ne dit pas grand-chose et un monde des plus étriqués, sans parler de la mort de sa meilleure amie Sandy. Amy est jeune…douze, treize, quatorze ans ? Ça dépend des jours et des personnes rencontrées.

Voyage initiatique…

Véritable voyage initiatique, ce roman est d’une grande sensibilité et les personnages des plus attachants ou étonnants. Ils sont la plupart du temps emplis d’empathie, et, mine de rien, d’admiration pour cette gamine au caractère visiblement bien trempé. J’ai beaucoup aimé la force attribuée à cette jeune fille – pour ne pas dire petite – la manière qu’elle a de regarder le monde, de se méfier tout en faisant confiance. Certes, elle se laisse avoir, se fait très vite voler l’argent qu’elle possédait mais continue, se débrouille.

Bruce Springteen, Hugh Hefner, Ryan O’Neal…

Alors, bien sûr, on pourrait se dire que la crédibilité est mise à mal. Rencontrer sur sa route Bruce Springsteen, même s’il n’est pas encore connu, être logé chez Hugh Hefner, le célèbre propriétaire du magazine Playboy, faire la fête au bord de sa piscine avec Ryan O’Neal, quand on est amoureuse de cet acteur, vous avouerez que ce n’est pas banal. Eh bien ! tant pis ! J’ai tout accepté car lire ce roman c’est traverser l’Amérique et non seulement se remémorer la guerre du Vietnam, non seulement savourer foultitude de références musicales et littéraires, non seulement fréquenter des lieux typiques mais c’est encore et surtout se baigner dans un océan de douceur et d’empathie. Et, au moment où notre planète brûle, ça fait beaucoup de bien.

Je ne vous ai pas parlé de l’écriture. Elle est d’une grande simplicité, limpide, et permet ainsi une lecture fluide. Les dialogues, essentiels dans le roman, rendent le rythme allègre et léger et nous entraînent sans coup férir d’une page à l’autre. Quant à la fin, pleine d’espoir, elle clôt magnifiquement le récit.

« America(s) », voilà un roman dont je n’hésite pas à conseiller la lecture. Je dirais même qu’il devrait être remboursé par la Sécurité Sociale. C’est un véritable anti-dépresseur dépourvu de tout effet secondaire et de date de péremption.

Editeur : Le Cherche Midi
Date de Parution : 10 Mars 2022
Nombre de pages : 284