Et, son premier recueil de nouvelles, « Des mirages plein les poches », n’y déroge pas. Il démontre que parfois les règles n’ont nul besoin d’exception pour être confirmées.
Un petit fascicule, un peu plus de cent pages et quatorze nouvelles, les unes très courtes et certaines un peu plus longues, et toujours cette mélodie, ce jeu de cache-cache, cette manière de nous faire toucher des yeux des mots, des phrases, des histoires qui s’escamotent, se déforment, se transforment juste au moment de les happer. Je les ai lues le sourire aux lèvres, le rire en bandoulière ou les larmes au fond de la gorge.
Gilles Marchand est décidément un magicien des mots.
Que peut-il y avoir de commun entre des chaussures qui courent vite, un homme qui découvre sa vie au fond d’une brocante, un autre qui redonne vie aux objets abandonnés et celui qui parcourt l’Amérique à pied sur son lieu de travail, au fond d’un débarras, « coincé entre un carton d’intercalaires A4 et les archives du courrier resté sans réponse » ? Il y a toute la fantaisie de l’auteur, cette façon bien à lui d’utiliser la magie pour dire la profondeur de l’humain. Il y a cette force du mélange des objets et de l’homme, car dans ses livres chaque objet possède une âme, une belle âme.
La nouvelle qui, forcément, m’a le plus émue, celle que j’ai lue en ayant l’impression d’y découvrir, moi aussi, une partie de ma vie, c’est l’avant-dernière « Rappel ». J’ai cru y lire l’histoire de mon fils, ancien batteur dans un groupe de Heavy Metal : Antarès. Antarès comme l’étoile qui brillait dans ses yeux les soirs de concert, comme celle qui s’est ternie lorsqu’il a dû abandonner pour voguer vers d’autres horizons, celle encore que je vois se rallumer au détour d’une rencontre avec son pote guitariste quand il retrouve sa double pédale, tape sur sa caisse claire et massacre ses baguettes. Mais je l’ai aussi aimée pour avoir cru apercevoir, derrière le narrateur, un rocker au sourire enjôleur se nimber des habits d’un poète maudit.
J’aurais pu aussi vous parler de « Wish You », un Noël extraordinaire au sens étymologique du terme, un Noël qui contient à la fois la joie et la tristesse, le profond et le superficiel, le sacré et le profane, un Noël qui se voulait heureux mais donne envie de pleurer. Et des autres…
En un mot comme en cent, « Des mirages plein les poches » vous mettra, à n’en pas douter, des étoiles plein les yeux.
Editeur : Aux Forges de Vulcain
Date de Parution : 19 Octobre 2018
Nombre de pages : 130
Comme tu as pu voir, j’ai rencontré l’auteur à la Foire de Brive. Il est super sympa et j’ai hâte de découvrir son œuvre!
Ta chronique confirme!
Gilles est quelqu’un d’adorable et en plus il a une écriture et un univers d’une rare beauté, je trouve. Son premier roman m’avait été difficile à lire, mais pour des raisons totalement personnelles. Tu devrais apprécier et son recueil de nouvelles (j’en connaissais déjà certaines) est absolument fabuleux.