Des secrets de famille lourds et douloureux, la recherche de soi à travers celle de ses ancêtres, un grand-père juif et pourtant enrôlé dans l’armée allemande et même recruté en qualité d’indicateur au sein de la Gestapo – je ne savais pas que c’était possible – une mère mutique sur sa jeunesse et son ascendance, une volonté affichée de devoir de mémoire : tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire, me toucher, rendre ce récit passionnant à mes yeux. Lucie part, en effet, sur les traces de ce grand-père pour tenter d’obtenir des réponses aux questions qui toujours se heurtent à des silences pesants. Il s’agit à la fois d’une quête humaine et administrative semée d’embûches, d’attentes et de rendez-vous.
Pourquoi son anxiété, son angoisse, ses espérances n’ont-elles pas réussi à me toucher ? Pourquoi ai-je parfois eu envie de ne pas aller au bout ? L’écriture sèche, administrative, telle celle d’un rapport ne m’a pas prise dans ses filets. Je me suis perdue dans les branchages d’une famille tentaculaire au point de revenir souvent en arrière pour tenter de déchiffrer cet arbre aux nombreuses ramifications. Plus qu’à un roman, j’ai eu l’impression d’avoir affaire à une enquête policière, rondement menée certes, mais qui ne m’a pas donné les clés pour en pénétrer les sentiments, les chagrins, les victoires.
Même si la « délivrance », à la fin du roman m’a semblé plus positive, il m’a manqué quelque chose. Il m’a manqué cette alchimie entre une histoire au sujet fort intéressant et la manière de la raconter. Le style de l’auteur est, certes, clair comme le stipule la quatrième de couverture mais trop froid à mon gré
Editeur : Luce Wilquin
Date de parution : 1er Janvier 2017
Nombre de pages : 171
Pas encore lu. Mon tour viendra
Le roman fonctionne comme une initiation. Dans la première partie, le lecteur est littéralement jeté dans l’ « éprouvé » de Lucie (d’où l' »épreuve » de la lecture) comme dans son chaos familial. L’écriture de Costermans ne se cède pas à la narration complaisante (linéaire, illustrée) comme dans ses nouvelles: elle prend le risque du malaise à dessein. La participation du lecteur est requise, sa confiance aussi, et jamais il n’est lâché dans sa traversée de l’oeuvre au noir.
Mais devant cet abîme, on peut, en effet, choisir de rester sur le bord… Pour moi, Outre-Mère un « page turner » envoûtant, bouleversant, dont on se sort pas indemne.
Belle analyse très pertinente. Rester au bord ne me semble pas cependant être un choix.