De toute façon, comme jamais je ne regarde la quatrième, ni ne lis de chroniques avant de me faire ma propre opinion, je ne risquais pas davantage que de me procurer un ouvrage en librairie. J’ai, d’ailleurs, tout de suite aimé la couverture, ses coloris noirs et bleus et cet homme stylisé fumant dans une position particulière. Puis j’ai savouré la dédicace qui m’était adressée ainsi que celle intitulée « A mon père ».
Qui était donc ce matricule 913 B ? Je n’ai quand même guère l’habitude des romans dont le premier personnage présenté est une vache, fût-elle une « Mirabelle » ! Je suis en revanche tout de suite tombée en amour de l’écriture : une écriture minutieusement travaillée, sans être alambiquée, des mots parfaitement agencés mélangeant avec bonheur élégance et crudité
« Au lieu de ça, je traînais une de ces gueules de gentil garçon, avec mes fossettes et mon air de connard magnanime qui tente de faire reculer la courbe du chômage. »
Le style est très personnel, enlevé, mordant, spirituel et vous emporte à la suite des personnages à la vitesse d’un vent d’autan.
Bon, mais pour l’instant, je n’ai rien dit de l’histoire !
Une histoire à dormir debout ? Pas faux et difficile à raconter sans la déflorer. En ouvrant ce roman on entre dans une dimension inconnue où l’on côtoie une vache, donc, une jeune fille Erin, un perfecto, enfin, un drôle de blouson qui n’est autre que Mirabelle mais n’a pas de fermeture éclair, blouson qui va vivre un nombre incalculable d’aventures – véritable fil conducteur –, et même, tenez-vous bien, rencontrer Kurt Cobain ! Et évidemment, Tolbiac Juillet (pourquoi ce nom à coucher dehors avec un billet de logement, aurait dit ma mère… Vous le découvrirez en lisant le roman), le héros si attachant de ce récit en pleine quête de son identité : mais d’où vient-il ? Qui est-il ?
C’est magique – il est en effet beaucoup question de magie dans le texte – décalé, il faut suivre au départ le sens que l’auteur veut donner à son histoire, même si ensuite tout se met en place. C’est original, à la fois frais et touchant. Cédric Blondelot m’a fait rêver, m’a enthousiasmée, m’a transportée vers des rives que j’aborde rarement. En un mot, c’est : excellent.
Cédric Blondelot est désormais édité aux Editions La Volva.