Il est parfois difficile de trouver le qualificatif fort, précis, le mot juste qui dira correctement le ressenti.
« Tristan », n’est pas le prénom d’un garçon tel que je l’ai cru un temps, mais celui d’une île, Tristan Da Cunha, située dans l’Atlantique sud au nord des fameux quarantièmes rugissants. C’est là qu’Ida, jeune illustratrice se rend à bord d’un langoustier. Elle aurait dû être accompagnée par Léon, son amoureux, mais voilà : il ne restait qu’une place et le tirage au sort lui a été favorable. Léon la rejoindra par un prochain bateau.
Je ne sais pas ce qui m’a le plus émue de l’histoire ou de l’écriture qui l’a servie, des personnages tous attachants – j’ai adoré Ida, mais aussi Véra et Mike, le couple qui la loge, et tous les autres – ou des lieux dans lesquels ils respirent, des oiseaux mazoutés ou de leur sauvetage, des éléphants de mer et de leurs cris ou des pétrels toujours présents. Au final, tout m’a touchée. Les mots sont précis et les images claires, minutieuses, lumineuses. « Les images, toujours les images, se déploient comme autant de visions dont la couleur, l’odeur et le souffle m’emportent autant qu’elles me bouleversent. » J’ai lu et surtout j’ai vu à travers la prose de Clarence Boulay car la poésie est présente, les éléments se déchainent et Ida nous raconte à travers les dessins qu’elle croque dans ses carnets.
Et puis il y a Saul qu’Ida rencontre sur l’île aux oiseaux, son amour, sa passion… une histoire sauvage et enflammée décrite avec finesse et délicatesse « J’ouvre les yeux. Le monde est bleu des deux saphirs qui me regardent. Saul sourit… Je suis sur une île déserte au milieu de l’océan. Un homme m’aime. Le cliché est tel que j’ose à peine le formuler. Et pourtant. J’écris parce que c’est vrai, que tout est vrai ; l’île, l’homme, les pierres plates, le vent. » Et la vie qui change…
C’est un beau roman, c’est une belle histoire, de celles qui continuent après avoir fermé l’ouvrage. Les embruns et les éléments déchaînés ajoutent à la force des sentiments et à la magie de l’existence. Et quand, en plus la romancière, bretonne d’origine se laisse aller à des expressions du cru « … on n’était pas rendus en milieu de campagne… », je me sens concernée, à nouveau petite fille, à nouveau adolescente et je déguste jusqu’à la dernière phrase, SUBLIME.
Editeur : Sabine Wespieser
Date de Parution : 4 Janvier 2018
Nombre de pages : 186