C’est l’histoire d’une fratrie.
Déjà le titre : « Les Mandragores » – ces plantes nimbées de légendes, psychotropes et aphrodisiaques – laisse planer un parfum de mystère. Et puis la suite, une fratrie, les Cipriani. Il y a Primo, le fils aîné pourvu d’une rage incommensurable, Piero, aveugle, mais artiste d’une grande bonté, Chiara toujours révoltée et puis Benito, le narrateur. Il a dix-huit ans et raconte. Tous les quatre habitent rue de la Folie-Mericourt dans un restaurant italien qui n’en est plus un « L’Amore e gusto ». Ils sont seuls, le père n’est plus là et la mère non plus jusqu’à ce qu’une lettre annonce son retour.
Une douloureuse merveille.
Ce récit est une merveille, douloureuse merveille qui ne cache rien des heurs et surtout malheurs de ces quatre enfants. A la fois chronique familiale et récit initiatique, sa construction est parfaite qui navigue entre présent et passé, folie et vérité, obscurité et luminosité. L’écriture est d’une beauté indicible. Pourtant simple, voire parfois enfantine, elle a de ces fulgurances, de ces petits détails qui vous tiennent en haleine du début à la fin. Et quand Benito révèle à son ami Roman « J’aborde ensuite les trois fois où j’ai voulu me tuer. Avec mes mots à moi, je lui parle des mandragores. Le silence, d’abord, puis l’absurde, et les horreurs de la famille. » Vous restez là, sans mot…
L’auteur nous emmène de Saint-Ambroise à Saint-Jacques en passant par Sainte-Anne… « Parfaitement rasés, les types étaient quatre, en grande blouse blanche. Ils m’en ont enfilé une rien qu’à moi, mais un peu spéciale puisqu’elle avait des manches qui faisaient croiser mes bras sur le torse. Mes mains se retrouvaient dans mon dos et je pouvais plus faire grand-chose. » C’est une véritable quête de soi et des autres d’une sincérité troublante et d’une profondeur étonnante.
« Les mandragores », un roman que je n’ai pas lâché, que je n’ai pas oublié, que je n’oublierai pas. Un roman époustouflant : un coup de foudre.
Editeur : Le Panseur
Date de Parution : 14 Août 2025
Nombre de pages : 312
Roman lu en avant-première
dans le cadre de ma participation au jury pour le Prix du Roman Fnac 2025.
Oooih ça donne furieusement envie de le lire, Geneviève !
Oui, Mady, de mon point de vue en tous les cas, c’est un roman vraiment magnifique.