L’Algérie

Victoire a vécu en Algérie, puis en est partie avec sa maman. « Les parents avaient décidé de se séparer. La mère et les enfants iraient s’installer à Paris. L’homme resterait à Alger. C’était la guerre. » Le retour fut difficile. Du précédent roman de l’auteure, « Tomber du ciel », je disais : « [il] décrit en profondeur la vie qui, tel un voyage entre ciel et terre, se déroule entre temps calme et turbulences. » Je pourrais très bien écrire la même chose. Temps calme et turbulences, moments heureux et plus tristes, présent et passé. Rien ne manque.

L’écriture travaillée

Et toujours la même écriture, travaillée, faite de longues phrases lentes qui s’étirent, entrecoupées de plus courtes qui claquent. Le rythme m’a tenue en haleine et la poésie, la musicalité, m’ont ravie. Tout est décrit joliment et avec une grande minutie « C’était un jour de sirocco, un matin sûrement, le ciel pesait lourd, la mer émergeait du brouillard, on devinait la brume épaisse gorgée de sable du désert qui cisaillait l’horizon… » On y est, le sable dans la gorge, la chaleur lourde et le vent qui rend fou.

La nostalgie, une voix triste.

J’ai eu l’impression, non pas de lire, mais d’écouter l’auteure raconter sa vie, son présent, ses souvenirs. J’ai entendu sa voix triste. La nostalgie est partout présente, et le « Pas de larmes » du père, un chagrin tout en pudeur. J’y ai retrouvé la blancheur d’Alger, que j’ai connue il y a longtemps, le bleu de la mer et le soleil à Tipaza, et puis Albert Camus. Et la guerre, « Le Père », partisan de l’indépendance et pourtant chassé du pays, Ben Bellah et Aït Ahmed. Quand l’Histoire, la grande, côtoie la petite.

« Pas de larmes » est un roman tout en délicatesse et retenue. Un texte magnifique à l’écriture remarquable.