Délectation.

Je me suis plongée dans son récit avec délectation. Il faut dire qu’il n’a pas son pareil pour me prendre dans le filet de ses mots et me faire voyager aux côtés de ses personnages, tous attendrissants. Cette fois, nous rencontrons Alain, acteur dont la carrière est au point mort – mais a-t-elle jamais démarré ? – sa grand-mère à laquelle il rend visite aux Magnolias, Rico, son grand copain et pseudo agent et Rosie, une péripatéticienne au grand cœur qui le reçoit dans sa camionnette.

Dissection.

Chaque personnage est disséqué, mis à nu dans ses petitesses aussi bien que dans ses grandeurs. En dépit de ses manques, nombreux, l’amour d’Alain pour sa grand-mère transparaît à travers les petites attentions, les mains qui se touchent, les mots dits à l’oreille. Les turpitudes de Rico sont certes nombreuses et pourtant, c’est un chouette copain capable de partager un sandwich aux flageolets ou encore une bouteille de vieille prune. Je ne vous parle pas des poneys… véritable fil rouge du roman…je vous laisse découvrir leurs « petits noms ». Je ne vous parle pas non plus de l’évocation de la fin de vie, finement abordée.

Précision.

L’écriture de Florent Oiseau, jamais ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, est en revanche toujours précise, tendre et bourrée d’humour. Elle m’a fait passer des larmes au rire, de l’émotion à la jubilation, de la tristesse à la joie. Entre délicatesse et crudité, elle dresse un portrait fin de la société, enlumine les perdants et ne craint pas de railler les nantis. J’adore son sens particulier de la comparaison, ses formules bien à lui « L’idée de m’éteindre dans l’indifférence, pendant que d’autres continuent d’arroser le rosbif avec le jus de cuisson. » J’adore ses coups de griffes discrets et drôles « Ils ressemblaient à des professeurs d’établissements sensibles de la banlieue parisienne. » Il parle là des acteurs rencontrés sur un tournage qu’il a fini par dégoter grâce à son pote Rico.

Décidément, je suis fan de cet auteur.