C’était un soir de fin d’été.
Mon cher Alain, sans doute ne t’en souviens-tu pas mais c’était une soirée de fin d’été. C’était la première fois, oui, c’était notre première rencontre. C’était à Chambéry, à la librairie Garin. La journée avait été chaude et, bien que le soleil fût désormais très bas, l’air était d’une tiédeur bienfaisante. Vous étiez là, Martine et toi, et puis tes chers éditeurs et puis aussi Tom. C’était la première fois que je t’écoutais, que j’entendais les mots que j’avais déjà lus, que je voyais ton beau cahier tout griffonné justement de ces mots. C’était la première fois et le début d’une belle et fidèle amitié.
Et maintenant, tu es parti.
Et aujourd’hui, tu es parti, me laissant orpheline de nouveaux écrits. Heureusement, ils sont toujours là, ceux d’avant, ces mots couchés. Des mots échangés avec le fœtus, le petit Ludovic dont tu ne connais rien encore. « Voilà, la semaine se termine. Je te l’ai consacrée. Sur le papier ce sont seulement quelques pages, mais en réalité je n’ai pas cessé de penser à toi. Je n’ai pourtant pas beaucoup de temps disponible. Tu sais bien que je n’ai que mes nuits. » Alors comme dans chacun de tes ouvrages, j’ai retrouvé la poésie de tes phrases ciselées. J’ai écouté la musique de tes pensées, j’ai ressenti l’amour pour ce petit bout de toi, l’amour que tu vouais à sa mère.
Un futur père parle à son fils à venir.
Au fil des jours, tu dévoiles tes ressentis, tes peurs, tu lui confies ce qu’il t’apporte : « Ce soir, je suis saturé d’électrons. Tu me rassures. J’aime le bourdonnement de ta vie, cette basse ovale, ronronnement d’un univers se préparant à rompre sa matrice. Spirale en gestation. J’aime ou j’ai fini par aimer cette attente. » Tu l’accompagnes dans l’avant de sa vie. Et puis…« Mardi 24 Juillet : Merci à toi. Demain tu seras dans mes bras. Demain tu commenceras à reconnaître. »
Mon cher Alain, tu es parti en me (nous) laissant tes mots, ne t’inquiète pas, je continuerai à les faire vivre. Tu m’as aussi confié ton Ludovic et sa Liouma. J’en prendrai soin et les entourerai de mon affection. Le 25 juillet, jour de la sortie de ton ciel au ventre aux Cahiers de l’Egaré, ce sera l’anniversaire de Ludovic. Nous serons tous, avec toi, près de lui. Geneviève
« Le ciel au ventre » : un texte intime, profondément touchant, émouvant, une déclaration d’amour de l’auteur à son fils à venir et à celle qui le porte.
Editeur : Les cahiers de l’Egaré
Date de Parution : 24 Juillet 2024
Nombre de pages : 220
Merci Martine pour ce magnifique cadeau posthume.
Précédemment publié par les Editions de la Corentille le 30 Juin 1993 (206 pages)
Magnifique chronique ! Hâte de le tenir entre mes mains, de le lire et de pouvoir l’offrir à ceux que j’aime !