C’est l’histoire d’un photographe d’un genre particulier.

Une explication précède le premier chapitre : « Ce livre est un roman dont le personnage principal est réel. Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. Son nom de code est César… » En effet, le narrateur est photographe, un photographe particulier puisqu’il est chargé de prendre des photos de corps décédés à la morgue d’un hôpital militaire dans un pays non cité du Moyen-Orient. Chaque jour arrivent les corps avec, accrochée à un bras, une étiquette qui indique le nom et les raisons du décès. Métier particulier, certes, mais la vie est ailleurs pour cet homme. Elle est près de sa femme Ania qu’il adore et de ses enfants qu’il chérit. Oui, mais voilà qu’un jour les choses changent, les corps sont plus nombreux, plus amochés, le doute s’installe et puis se change en assurance. Plus rien n’est normal. Et le photographe comprend rapidement.

Un roman lu en apnée.

Pourquoi en dévoiler davantage. Ce roman, je l’ai personnellement lu en apnée, horrifiée, apeurée, bouleversée. Pourtant, rien n’a pu stopper mon envie d’aller plus loin, au-delà, de savoir, d’être sûre. J’ai continué malgré l’horreur. Je pense que l’écriture y est pour beaucoup. Les phrases sont extrêmement courtes, tranchantes, percutantes. Pas un mot de trop, rien de superflu. L’essentiel est dit, les actes prennent le pas et cette écriture – l’œil du photographe – nous restitue la réalité sans rien cacher de la barbarie, nous dit tout d’une colère rentrée.

Un narrateur qui se métamorphose au fil des pages.

Nous assistons au fil des pages à la métamorphose du narrateur qui petit à petit se rebiffe, ne peut plus obéir et refuse de continuer à marcher dans le système d’un pays malgré les risques.

Un roman brillant et émouvant qui rend hommage à un photographe mais aussi à tous ceux qui résistent.