Une magnifique première de couverture.
Mon plaisir à lire cet ouvrage, acheté dès sa sortie, a commencé par la première de couverture à la très jolie illustration dont j’ai eu l’explication à la page 53. Et puis, évidemment, les mots…l’histoire. Les mots de l’auteure, toujours aussi magnifiques, une écriture qui semble d’une grande simplicité et qui, pourtant, cache à la fois des élans du cœur et des pudeurs infinies, mais aussi une certaine violence. Elle est minimale, comme si l’auteure avait barré tout ce qui est inutile pour ne conserver que les mots essentiels. Les phrases courtes et parfois même sèches donnent ainsi au texte une force considérable.
Trois personnages principaux.
Pour ce qui est de l’histoire, elle met en scène trois personnages : Agathe, partie il y a quinze ans pour faire sa vie à New-York – elle est scénariste – Véra, sa jeune sœur, qui ne parle plus depuis fort longtemps et… la nature. C’est, en effet, dans cette campagne de leur enfance, dans la maison perdue dans les bois qu’elles se retrouvent. Agathe est rentrée pour aider Véra à vider cette maison après le décès de leur père et elles ont très peu de temps. Naturellement, elles ont changé, surtout la plus jeune sans doute, et les échanges se révèlent difficiles
« Je réponds (c’est Agathe qui parle) un peu sèchement que nous sommes sœurs et c’est aussi chez moi… »
L’incompréhension est parfois présente, la tension sous-jacente, la peur de mal faire, de mal dire.
Délicatesse et douceur.
Elisa Shua Dusapin est de ces auteur(e)s dont la voix, délicate, posée, douce – j’ai l’impression de l’entendre – rythme ma lecture. Et de la même manière, c’est par touches d’une intense délicatesse et d’une grande douceur qu’elle dresse le portrait de ces deux sœurs, comme elle dépeint le décor qui les entoure. Le roman est un véritable tableau aux couleurs fondues subrepticement traversé par un cerf qui « grignote dans un buisson », le décor d’une cuisine ou les fourrés d’un bois.
Editeur : Zoé
Date de Parution : 22 Août 2023
Nombre de pages : 144