Une rencontre, une lecture…
C’est, en effet, à l’issue de la rencontre croisée avec deux autres auteurs à la Fnac de Montpellier que j’ai enfin acquis ce roman, après avoir écouté l’auteur en parler de si belle manière. L’ouvrage, témoignage familial, a pourtant réellement une portée universelle. Par chapitres alternés, l’auteur raconte l’histoire de sa famille et celle d’une pandémie particulièrement destructrice : le SIDA. C’est de son oncle Désiré, surtout, qu’il est question, fils préféré de ses grands-parents. Il a fait des études, a une bonne situation mais soudain bascule dans la drogue, se shoote à l’héroïne à l’aide de seringues partagées et tombe malade, ainsi que sa femme et leur petite fille contaminée in utero. Cette petite Emilie a l’âge de l’auteur et meurt à neuf ans.
Etude tant scientifique que sociologique…
Il s’agit d’une étude scientifique, dans laquelle l’auteur décrit les erreurs et échecs de la recherche s’agissant du SIDA, le manque de transparence dans le camp des gouvernements, les rivalités entre chercheurs français et américains. Bien que très documentés, les chapitres sont courts qui permettent une lecture aisée. J’ai malgré tout apprécié, une fois la dernière page du livre tournée, de reprendre juste les chapitres « scientifiques » pour en faire une lecture linéaire très intéressante. Je me suis alors rendu compte à quel point j’avais moi-même juste effleuré cette catastrophe sanitaire. Et, à travers une histoire intime, c’est aussi d’une étude de société qui met à jour la difficulté des familles à vivre ce drame de la maladie, maladie dont on n’osait dire le nom, maladie qui isolait par crainte de la contamination, maladie qui montrait du doigt une frange de la population, essentiellement les homosexuels et les « drogués », ces enfants endormis, justement, retrouvés dans les rues, évanouis, une seringue dans le bras.
Bouleversant… Utile… Percutant…
Ce roman est tout à la fois bouleversant – les larmes sont parfois difficiles à retenir – utile par ce qu’il nous apprend de ces années « 80 » et nous montre à quel point peu de choses ont changé en termes politiques, et percutant. L’écriture y est pour quelque chose. Simple et légère, elle laisse toute la puissance du sujet s’exprimer de manière simple mais implacable.
Editeur : Globe
Date de Parution : 25 Août 2022
Nombre de pages : 288
« Les enfants endormis », nous y sommes encore confrontés au coeur de nos villes, dans les halls de gare, les parkings souterrains. J’en ai vu la preuve aujourd’hui dans ma ville.
Merci Geneviève ( https://memo-emoi.fr/ ) pour cette belle chronique à propos d’un livre qui semble être une piqûre de rappel salutaire de ce que fût la période des années 80 et de ce qu’est encore parfois le manque de transparence et coopérations au coeur des cercles politiques et de ceux de la Recherche.
C’est un roman vers lequel je ne serai pas allée si les critiques n’avaient été si élogieuses. Et je dois dire qu’elles sont méritées. L’alternance entre histoire familiale et recherche scientifique est bien pensée. Elle apporte une belle fluidité de lecture. Pour ma part, je n’aurai pas lu un essai dédié à l’histoire de la recherche sur le SIDA. Pourtant ces chapitres sont très intéressants.
Doudoumatous, nous sommes totalement d’accord.