Deux cents pages, véritable régal des yeux…

Que l’auteur et les amateurs de ce genre de littérature me pardonnent, je ne possède pas les codes pour en faire une chronique de qualité. Je suis juste en mesure de donner mon ressenti face à ces quelques deux cents pages, véritable régal des yeux. « Lettres perdues » est l’histoire d’Iode, un jeune garçon toujours dans l’attente d’une lettre de sa mère en compagnie de son ami Péli, un pélican, celui de la couverture. Iode s’imagine que le facteur est responsable de cette situation, le facteur : un poisson-clown ! Oui, dans ce conte, car c’en est un à mes yeux, il faut le savoir, les poissons et les hommes vivent de conserve. En allant à la ville pour tenter de trouver cette fameuse lettre, Iode rencontre Frangine, une drôle de fille qui va, sans le vouloir, le mettre dans de sales draps. Mafieux sans scrupules, policiers incompétents complètent le tableau.

J’ai aimé la forme et le fond…

J’ai beaucoup aimé cet ouvrage à la fois pour la forme et le fond. Les dessins sont magnifiques, épurés, très arrondis, aux couleurs rayonnantes, comme éclairées de l’intérieur, les ciels tout en fondu. J’ai aimé l’écriture en majuscules d’imprimerie, parfaitement alignée. Elle donne une certaine impression d’ordre et de calme et contraste avec l’excitation qui règne dans les actions. J’ai aimé les personnages et leur représentation, le costume sage attribué à Iode, ses cheveux blonds, qui m’ont rappelé le Petit Prince, celui plus excentrique de Frangine.

Pour ce qui est du fond, les larmes n’ont jamais été loin. Si l’on peut trouver parfois un certain côté abracadabrantesque au récit, il cache une tristesse latente, une nostalgie, une attente souvent déçue. Il traduit de manière particulièrement sensible et délicate l’amitié, les affres de la perte, parle de dépression, aborde la dureté du deuil et la douleur de l’absence des êtres chers. Enfin, j’ai retrouvé dans ce magnifique roman graphique toute l’émotion éprouvée à l’écoute de l’intervention de Jim Bishop qui a suivi la remise de son prix.

Entre comédie et tragédie, cet ouvrage est d’une très grande force.

Editeur : Glénat BD
Date de parution : 15 Septembre 2021
Nombre de pages : 200

Jim Bishop, entouré du joyeux jury – dont Cy, lauréate 2021, et Catel la Présidente – qui lui a décerné le Prix BD Lecteurs.com.

(crédit photo : Laurent Thomas)