2 axes forts : la nouvelle et le polar…
L’activité d’édition est d’abord timide, mais devient régulière à compter de 2005, autour de 2 axes forts : la nouvelle, et le polar. Au fil du temps, le catalogue évolue même si le « cœur » reste, à savoir le goût du noir (plus dans une version sociale que dans celle du polar classique/romans à énigme ou à enquêtes) et celui du format court (plus novellas que nouvelles, c’est-à-dire romans courts).
L’équipe est petite mais au top !
L’équipe est petite. Olivier Bois est entouré par Josée Guellil pour le volet éditorial, contrats, cessions, presse, communication et Sylvie Lemaire chargée du suivi édito, des relations avec les libraires et des festivals. Ce sont également elles qui établissent les choix « au coup de cœur » pour les livres hors collection. Les maquettes – que je trouve personnellement réussies – relèvent toujours de l’Atelier In8 même si aujourd’hui les deux entreprises sont distinctes.
Marc Villard, directeur de la collection « Polaroïd » depuis onze ans, Clémentine Thiébault pour « Faction » complètent l’ensemble
Une équipe au top pour une maison d’édition indépendante et provinciale – elle est basée à Morlaas, Pyrénées Atlantiques – qui propose des ouvrages de grande qualité. Personnellement, j’adore
Pour illustrer cet avis : mes chroniques relatives à trois « novellas » issues du catalogue
« Liste Noire » d’Yvon COQUIL
Brest et les CNR…
« Liste noire »… Dans cette novella, comme souvent, Yvon Coquil nous parle de Brest – où il est né et vit toujours – et des CNR (Chantiers Navals de Réparation) où il a travaillé en qualité de charpentier fer. Autrement dit, il sait de quoi il parle, en parle bien et l’écrit magnifiquement.
Liste noire, une suite de noms d’hommes qui vont devoir rendre leur tablier. Restructuration, c’est le mot des patrons, chômage pour les ouvriers, leur hantise. Lucas Dardoup fait partie de ceux qui attendent. Lui, il vit seul depuis qu’il s’est séparé de sa femme, ou qu’elle est partie, sans enfants mais avec un père dont il faut payer l’EHPAD. Il va donc essayer de persuader Marco de prendre sa retraite – il est en âge de le faire – en gros de sauver son poste.
Noire est l’histoire…
Noire est l’histoire, aussi sombre que la liste, et l’écriture de l’auteur la sert à merveille. A coups de phrases sèches et percutantes, d’un vocabulaire totalement adapté, d’un rythme soutenu, Yvon Coquil nous entraîne à la suite de ses personnages, des prolétaires aux abois, sans laisser au lecteur le temps de respirer.
J’ai craint un moment que l’auteur n’ait changé de parfum. Celui de la rose commençait à embaumer le texte. C’était bien mal le connaître qui d’un mot, d’un seul, retourne la situation et signe une fin magistrale. MAGISTRAL !
Date de Parution : 16 Novembre 2018
Nombre de pages : 80 pages
Rose Royal de Nicolas MATHIEU
De Nicolas Mathieu j’avais lu « Leurs enfants après eux » qui lui avait valu le Prix Goncourt en 2018 et, accessoirement, mon admiration. Dans « Rose Royal », une novella de quatre-vingt pages, j’ai retrouvé le même plaisir, lié à une écriture que j’aime et un sujet particulièrement émouvant.
C’est l’histoire de Rose, 50 ans, vie banale…
L’auteur nous raconte l’histoire de rose. Elle a cinquante ans, une vie banale. Elle a été mariée, elle a des enfants, elle est divorcée. Comme tout le monde ou presque elle a connu des joies mais aussi et plus souvent des déconvenues, des déceptions, des regrets. Elle a connu des hommes aussi mais de ce côté-là, c’est noir et ses souvenirs sont douloureux. Alors, le soir, après son travail elle passe au Royal, un bar, où elle retrouve sa copine Marie-Jeanne et elle boit, elle boit, souvent plus que de raison. Et puis une nuit…un homme débarque. Il s’appelle Luc, il est beau et…devinez…
L’art de décrire la vie des petites gens…
Nicolas Mathieu a vraiment l’art de décrire à merveille la vie des petites gens, la misère sentimentale, les attentes déçues. En quelques pages, il m’a prise dans ses filets, et comme Rose, j’ai cru un instant au grand amour. De son écriture juste, discrète mais parfaitement travaillée, sensible et élégante il pose un regard lucide sur ses personnages :
« Luc ouvrit sa main sur la table et leurs paumes se trouvèrent. Ils n’étaient ni jeunes, ni beaux, ni très heureux…C’était une femme et un homme, avec leur problème d’alcool, de fric, avec leurs rides et leurs coïts insatisfaisants… ».
Tout cela est d’une tristesse infinie et pourtant la lecture en est tellement émouvante qu’une fois le récit commencé, je ne l’ai arrêté qu’après le mot ultime.
La fin est à la hauteur de l’ensemble du récit qui en un très court dernier paragraphe scelle le destin de deux âmes et apporte une pierre supplémentaire à la densité de ce très court écrit.
Date de Parution : 27 Septembre 2019
Nombre de pages : 80
« Eye Track » de Sébastien RUTÉS
Littérature jeunesse…
Dans la biographie de l’auteur, en dernière page de sa novella « Eye Track », il est écrit que ce titre est sa première incursion en littérature jeunesse. Il est donc normal que je l’ai appréciée puisque l’on dit aussi que vieillir c’est retomber en enfance.
Oui j’ai apprécié ce très court roman malgré le côté science-fiction qu’il développe dans sa seconde partie, beaucoup plus longue, d’ailleurs, que la première. 2017…une manifestation, trois personnages : Margaux, une militante « femen » qui ne craint plus de défiler seins nus, Lucas, photojournaliste et Romain, policier chargé du service d’ordre. 2042… la vie a bien changé et les enfants des héros de 2017 vivent les yeux cachés derrière des lunettes obligatoires, les « Eye Track » qui filtrent tout ou presque et leur cachent le réel. Ils vont essayer de s’en échapper…
Ecriture originale, sujet original…
J’ai reconnu là toute l’originalité de l’auteur déjà rencontrée dans son roman sélectionné pour le Prix Quais du Polar/20 minutes 2021 « Mitclán ». Originalité de l’écriture, vive, sèche et poétique à la fois. Elle est précise, parfaitement équilibrée entre récit et dialogues, entraînante. Originalité aussi du sujet abordé. C’est à la fois une histoire forte, émouvante, captivante, et une véritable réflexion sur la démocratie, l’évolution des mœurs. Ce court roman nous fait prendre conscience de la responsabilité qui est la nôtre dans ce que sera la vie de nos enfants. Belle étude aussi de l’importance du regard, de celui que l’on porte, de celui que l’on échange, de ce que l’on peut regarder ou pas… Le tout est mené tambour battant à un rythme rapide mais parfaitement maîtrisé.
Date de Parution : 7 Septembre 2021
Nombre de pages : 112
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Un énorme merci à Josée pour sa patience. Merci d’avoir répondu à toutes mes questions, mes messages, sans le moindre signe d’impatience et dans la bonne humeur. Et pour « Eye Track ».