Monsieur Staccato, très cher Gaspard,
Enfin, « très cher », tu ne le mérites guère après le coup que tu m’as fait… Bon, je suis désolée de te tutoyer d’emblée mais c’est une habitude,
« Je dis tu à tous ceux que j’aime/même si je ne les ai vus qu’une seule fois/je dis tu à tous ceux qui s’aiment/même si je ne les connais pas… ».
Et toi, que tu le veuilles ou non, je suis certaine que nous nous connaissons. Tu utilises des mots sublimes, divagations d’un mort-vivant, certes, mais divagations d’une subtile élégance, digne d’un auteur que j’aime tant. Tu aurais voulu le plagier que tu ne t’y serais pas pris autrement. Son phrasé poétique, ses mots ciselés à l’envi, ses réflexions, ses idées choisies, jamais tu n’aurais pu les égaler sans avoir farfouillé dans ses cahiers. Comment as-tu fait ? Tu le sais, forcément, que jamais, il ne s’en départ. Tu l’as fait passer pour mort, lui as piqué ses idées, ses colères, ses désirs et tu les as adressés à des blogueurs triés sur le volet, véritables bouteilles à la mer. Je n’en fus pas. Alors, tu peux dire que tu n’y es pour rien, je n’en crois pas un mot.
Si j’avais reçu le moindre message, naturellement, je t’aurais découvert, capable de le faire les yeux fermés. Ses textes, je les savoure depuis toujours, je les admire, les récite à voix haute. Bien sûr, tu peux le dire :
« Ah on est loin du bon roman bien ficelé avec ses trucs et ses attentes, ses ribambelles de pantins pieusement mis en scène… »,
bien sûr, mais te rends-tu compte que tu le dénigres, là. Ton histoire vole bien au-dessus du lot, tu es là et pas là, certes, mais tes mots sont les mêmes. Qui pourrait écrire aussi bien, dire l’amour et le désespoir, les regrets, les envies ?
« Je vous en prie, répondez-moi, si vous avez ne serait-ce qu’un brin d’affection ou de pitié, une virgule d’attachement, un soupçon d’intérêt, me laissez pas tout seul dans cet horrible vide qui est comme l’antichambre d’un monstrueux charnier. »
Tu peux pleurer maintenant, si tu avais mieux choisi tes destinataires, tu n’en serais pas là, je t’aurais répondu, moi, je t’aurais dit
« Reviens, écris-nous encore et encore, ne passe pas de l’autre côté.«
Cher Gaspard, l’heure a sonné de revenir d’entre les morts, d’ôter ton masque, Staccato n’est plus, je vous ai reconnu, Monsieur Cadéo …Ton éditrice a raison, Alain, tu nous em…et pourtant, tes spams, j’aurais adoré les recevoir dans ma boîte d’indésirables, tu as mon adresse après tout.
Alors, ton recueil de pensées, tes mots à nul autre pareils, ton autocritique facétieuse de grand auteur, tout cela est magnifique. Mais de grâce, ne nous refais plus ce coup et reste parmi nous.
Geneviève, lectrice, admiratrice.
Editeur : La trace
Date de Parution : 3 juin 2021
Nombre de pages : 175
Je remercie chaleureusement l’auteur et les Editions La Trace pour cette lecture en avant-première.
Sublime approche d’un livre que j’ai maintenant envie de lire! Merci Geneviève.
Il est magnifique !