Et pourtant…
Et pourtant, c’est d’une entrée en EHPAD dont il est question, celle de Maurice et Gisèle, oncle et tante de la narratrice, dont elle est la tutrice. Il faut dire que ses intentions de départ ne sont pas les meilleures. Elle vise tout de même fortement l’héritage conséquent qui s’en suivra, le couple n’ayant pas d’enfant. Dans ce monde plutôt triste, l’auteure prend donc le parti du rire. J’ai ri moi-même, ai-je dit, mais ai parfois aussi été choquée. Je suis tout de même attirée par une écriture plutôt châtiée, ce que n’est pas celle de Sophie Delassein. Elle use beaucoup de la langue actuelle des ados, allant parfois même jusqu’à titiller la vulgarité. Etait-il vraiment utile de nous détailler une séance d’épilation du maillot qui n’apporte rien au sujet traité ? Et, si au détour d’une page, j’ai pu apprécier certaines phrases, joliment tournées :
« Une famille pareille à celles des villages retirés des bords de la Vologne, où l’on scrute ceux d’en face derrière les vitres encrassées par les postillons de la médisance. »
j’ai dû avoir recours à un moteur de recherche pour connaître le sens du mot « yeuves » maintes et maintes fois utilisé. Il faut dire que j’en suis une.
Autobiographie ? Autofiction ?
Le récit est estampillé roman qui pourtant ressemble plus, de mon point de vue, à une autobiographie ou autofiction. La narratrice porte le nom de l’auteure, exerce, comme elle, le métier de journaliste à « L’Obs » et met en scène certains chanteurs dont elle chronique les albums. Le ton est grinçant qui n’épargne personne, pas même les personnels des EHPAD, qui serviraient les repas à 18h30 pour rentrer plus tôt chez eux. Alors, je sais, je l’ai bien senti, derrière ce choix du rire à tout prix se cache visiblement de la détresse et l’humour ne me dérange pas, bien au contraire. Mais je dois avouer que si je peux comprendre l’utilisation de certains mots de vocabulaire par un adolescent, voire un jeune auteur qui parle de ses pairs, il m’a semblé ici moins adapté.
La prise en charge des personnes âgées dépendantes et les rapports familiaux toujours difficiles dans ces circonstances sont des sujets d’un grand intérêt. Pour autant, mon ressenti reste mitigé quant à la forme, vous l’aurez compris, et je le regrette. Reste la fin qui apporte une touche inattendue et pleine d’humour. Et la couverture, magnifique.
Editeur : seuil
Date de Parution : 4 Mars 2021
Nombre de pages : 193
Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour cette lecture. Je remercie également l’auteure pour les réponses apportées, s’agissant de son roman, lors de la rencontre virtuelle initiée par Babelio.
Voilà une chronique avec laquelle je suis d’accord. La mienne n’a pas abordé les choses de la même manière mais, sur le fond, elles se rejoignent vraiment. Tu mets l’accent sur le vocabulaire ado, titillant la grossièreté, je pense aussi qu’il y a dans ce récit une violence verbale mal adaptée à la situation. L’humour peut-il tout excuser? Non, probablement non, même s’il se veut noir, juif. Tu mets aussi l’accent sur la magnifique couverture. Je regrette de ne pas l’avoir fait aussi tant je partage cette appréciation. Il y aurait beaucoup à dire sur cette couverture et son interprétation en lien avec le thème abordé. Sur ce coup, je me suis loupé. Dommage. Toi pas, tant mieux!
Tout à fait de ton avis Geneviève. Sans doute une question de génération puisque certains ont beaucoup apprécié. Mais le propos aurait été beaucoup plus fort si ce roman avait été écrit avec plus de délicatesse. Je me tâte pour écrire une chronique, et donner un avis qui ne peut être qu’assez négatif.
Oui, je fais également partie des yeuves, terme que j’ai appris en écoutant de Caunes sur France Inter. Mais bon, encore un livre sur ce sujet, je n’en peux plus