Fenêtre ou couloir…
Fenêtre ou couloir, couloir ou fenêtre, voilà toute la question formulée dans ce recueil. En dix-neuf nouvelles, l’auteure s’interroge et nous interroge sur la place de chacun. Comment la trouver, la choisir, la conquérir, la garder ? Je me suis surtout retrouvée dans le texte éponyme, l’histoire d’une jeune femme réservant un billet de train. Comment faire lorsqu’on aime être près de la fenêtre, regarder le paysage défiler sous ses yeux et en même temps détester déranger son voisin assis du côté du couloir pour se déplacer ? La question est existentielle, d’autant qu’elle ramène à la vie, au problème du choix et justement
« J’ai toujours eu du mal à choisir. En général, mais surtout les hommes. Quand j’y pense, ils se sont souvent présentés par deux dans ma vie » dit la narratrice qui finalement « [se] sen[t] mieux, [elle] entrevoi[t] l’autre voie, la case qui manque à l’écran de la SNCF : « Restez chez vous ».
Mais il y a aussi l’ancienne amoureuse du défunt que personne ne remarque au moment des obsèques. Elle a pris la place qui lui revient… au fond de l’église, la femme soumise qui se rebelle parce qu’elle a enfin trouvé sa place de… « …reine du bal et partenaire légère d’un Robin des Bois inopinément surgi de la sinistre forêt de Verynight.« , ou encore cette Madame Moreau qui, faisant fi de son âge avancé, des réticences de ses enfants, décide de s’acheter un appartement à Paris : un 5ème étage sans ascenseur et « Elle avait trouvé la vue, elle avait trouvé l’horizon. » En un mot, elle avait trouvé sa place…« Et tant pis si certains ne comprenaient pas… »
Une écriture fine et délicate…
Je vous laisse découvrir toutes ces vies, faites de hauts et de bas, de décisions difficiles à prendre, d’amour, de rupture, des histoires légères, drôles ou tristes, mais toujours plaisantes. Plaisantes grâce à une écriture ciselée, aérienne, magnifiquement troussée. Les mots coulent et les phrases avec, sans secousses. Tout est dans la finesse, la délicatesse, l’humour. Tout est dans le réalisme. J’ai senti chez l’auteure une empathie profonde, une attention aux autres, un regard bienveillant. Et j’ai trouvé dans chacun de ses personnages une partie de moi-même.
Editeur : Quadrature
Date de Parution : 5 Décembre 2020
Nombre de pages : 106
Un grand merci aux Editions Quadrature pour ce magnifique moment de lecture.
Quel superbe critique. Décidément, la Nouvelle est un art loin d’être mineur. J’en étais convaincu et tu renforces cette idée qu’il faut oser lire des nouvelles. Bravo à cette maison d’édition (belge) qui ne promeut que ce genre. Et de belle façon!
Oui, je suis vraiment ravie de connaître cette maison. Les deux ouvrages que j’ai lus sont vraiment de grande qualité.
J’ai lu pour ma part deux des précédents livres de cette auteure et j’ai commandé celui là des sa parution. Un bon moment en perspective !
Je vais donc faire comme souvent… remonter dans le temps. Merci pour cet avis. Il est vrai que j’ai trouvé ce recueil magnifique.