Soixante pages !
Soixante pages ! C’est vite terminé, trop vite, même. Pourtant, les mots restent qui sont si beaux, si beaux que je ne me lasse pas d’y revenir, de les lire à voix haute, de presque les réciter. Texte, c’est dans cette collection qu’est classé l’ouvrage. Mais il me semble qu’on pourrait parler d’un roman court, ou encore d’une nouvelle ou plutôt d’une novella. Il en a toutes les caractéristiques : la longueur ou plutôt la « courteur », je sais, ce mot n’existe pas, mais il devrait. Les protagonistes ne sont qu’au nombre de deux et l’intrigue aborde un seul sujet. Le narrateur attend son frère qui revient dans la maison familiale après trente années d’absence… pourquoi ? comment ? qu’a-t-il fait ?
Un récit dense !
Jack Boland nous livre là un récit qui, pour être court, n’en est pas moins dense. Le déroulé est digne d’intérêt, la construction de qualité et la fin aussi juste que celle d’un grand roman noir… en tous les cas, de mon point de vue. Mais ce qui m’a frappée au plus haut point, c’est la beauté de l’écriture… dès le départ
« Qu’est devenu ce vieux parricide naïf qui, doutant de ma fragile mémoire ou la supposant clémente, ose reparaître devant moi ? Il n’est plus loin. A travers les vitres du salon, je le vois qui arpente la vieille route. Il marche d’un mauvais pas et dérape sur les pierrailles. »
Les mots sont simples, les phrases courtes mais tout chante. J’ai eu l’impression de lire un poème en prose. Et en même temps, le récit est précis qui nous amène pas à pas à un final inattendu et je dirais savoureux s’il n’était aussi noir.
Editeur : La Trace
Date de Parution : 10 septembre 2020
nombre de pages : 72
Je remercie chaleureusement les Editions La Trace pour cette très belle découverte.