Un seul chapitre, sans même d’alinéa, des phrases longues comme un jour sans pain, un infini monologue intérieur au rythme des bruits souterrains du métro sur la Picadilly line… Viviane Craig, célèbre pianiste concertiste, « la Greta Garbo du piano » selon un critique, se rend aux obsèques de son amant, James Fletcher, critique musical. Elle a appris son décès par l’exécuteur testamentaire de ce dernier. Et, pour respecter les dispositions prises par le défunt, a accepté de jouer l’intermezzo en si bémol mineur de Brahms lors des funérailles. James aimait beaucoup ce musicien qu’il qualifiait de « sexy ».
Vêtue d’une robe noire de deuil trop chaude et qui la gratte, Viviane se souvient de leur vie cachée, leur première rencontre et leurs après-midi d’amour. Elle se remémore chacun des instants, essaie de retenir le temps, de résister à la douleur, et pense aussi à Sebastian, son mari qu’elle n’a jamais quitté. Elle évoque, dit et redit l’amour, le sexe, ce qui devait rester caché, elle parle de son attachement pour ces deux hommes qu’elle a aimés, qu’elle aime différemment.
Même si j’ai pu regretter certaines longueurs et redites, j’ai beaucoup aimé cette histoire pour sa délicatesse, la profondeur de la réflexion, la manière dont l’auteur a su se glisser dans la peau et le cœur d’une femme. J’ai aimé la description de l’attente, l’adoration qui transpire dans chaque phrase, l’interdit dépassé. J’ai aimé la simplicité avec laquelle est abordé le sujet. Et bien évidemment, j’ai aimé le bleu du lac…ce lac d’Annecy adoré par James et source d’une confidence qui « tissait un lien aussi intime entre lui et moi que le sexe… », se souvient encore Viviane.
En un mot, j’ai trouvé ce roman très beau jusqu’à la chute inattendue et sublime.
Editeur : Points
Date de Parution : 22 Août 2019
Nombre de pages : 96
Paru initialement chez Sabine Wespieser le 3 Mai 2018 (114 pages)