« Un matin, avachie sur le canapé, j’écoutais la radio quand quelqu’un évoqua la maison de Balzac à Passy. Je sentis un frémissement. Balzac, c’était le grand amour de ma jeunesse ».
Dès la cinquième ligne de l’avant-propos, je faillis refermer le livre. Comment ça, son amour de jeunesse ? Et Titiou Lecoq osait me l’avouer au début de son dernier ouvrage « Honoré et moi » ? Non, pas possible, c’était le mien !
Pour autant, je rangeai ma jalousie au fond de ma poche et je poursuivis ma lecture. J’étais invitée par Babelio et les Editions de l’Iconoclaste à rencontrer l’auteure. Je règlerais mes comptes plus tard. De Balzac j’ai lu, très jeune, sinon toute son œuvre, du moins une partie importante. Mais, et c’est là qu’intervient l’auteure, je ne connaissais pas Honoré. Elle nous dresse le portrait d’un homme que j’avais simplement découvert à travers ses écrits. Sans doute avais-je lu quelques lignes le concernant dans le Lagarde et Michard du XIXème, mais pas davantage.
J’ai aimé cette biographie fouillée, parfaitement documentée, qui nous raconte la vie « d’un homme qui voulait gagner de l’argent et qui est resté fauché toute sa vie », d’un homme possédant « une tendance assez marquée à l’auto apitoiement », d’un homme qui « n’a pas un physique facile ». Elle nous dépeint aussi un Honoré roi de la mauvaise foi. Il se plaint beaucoup de sa méchante mère tout en acceptant d’elle son argent sans aucun scrupule. Bref, pour amoureuse qu’elle est de Balzac, Titiou Lecoq n’est pas frappée de cécité et fait preuve d’une belle objectivité.
J’ai adoré son écriture enlevée, moderne, qui jure avec le personnage, si Honoré soit-il, mais rend ses propos jubilatoires.
Faire de lui le Patrick Drahi de l’époque c’était osé, évoquer Cofidis en abordant le surendettement de l’écrivain plutôt décalé, lui demander d’écrire à Eve Hanska « en cachant sa lettre dans une enveloppe au nom de la gouvernante de sa fille, pour ne pas se faire griller par son mari« drolatique.
En un mot comme en cent, « Honoré et moi » m’a donné envie de relire Balzac même s’il n’est pas sûr que j’eus pu tomber amoureuse d’Honoré « Il lui manque des dents…Les quelques chicots qui lui restent sont ébréchés et noircis…il a un cou puissant, un torse carré, mais des petits bras et des jambes courtes. » A moins que ses yeux… »il n’en exista jamais de pareils. » Et c’est Théophile Gauthier qui le dit.
Un bon point supplémentaire pour la jolie couverture colorée, surtout de… violet, nuance préférée de ce cher Honoré.
Editeur : L’iconoclaste
Date de Parution : 2 Octobre 2019
Nombre de pages : 297
Et en attendant la rencontre avec l’auteure, je remercie d’ores et déjà Babelio et les Editions de l’Iconoclaste pour cette belle découverte.