On découvre le Paradis, c’est le nom donné à la ferme d’Emilienne, au bout d’un petit chemin sinueux. Là, vivent la maîtresse des lieux, ses petits-enfants Blanche et Gabriel, qu’elle élève depuis la mort de leurs parents dans un accident de voiture, et Louis, venu se réfugier chez elle, abimé par un père violent. Les enfants grandissent et quand l’amour entre dans la vie de Blanche sous les traits d’Alexandre, on ne se doute pas de la tournure que prendra cette relation. Mais comment allier l’amour de la terre à celui des néons, comment vivre une histoire quand l’une, Blanche, reste viscéralement attachée à son Paradis terrestre, rural, et l’autre attiré par les chimères de la ville ?
Alexandre est un ambitieux et devient un traitre, Gabriel, tout en fragilité et en souffrance et Louis transformé en carpette. Ce roman est, en effet, un hymne à la Femme, aux femmes, fortes, fières, trempées comme l’acier, et à la terre, nourricière. A l’image d’un thriller il nous raconte leur vie ancrée dans cette glèbe, une véritable glaise où le petit chaperon rouge et le loup se confondent. A la fois violent et hypnotique il nous entraîne dans le sillage de ses personnages sans nous donner le temps de respirer. Le rythme soutenu, renforcé par des phrases courtes et sèches donne au texte une vigueur saisissante, telle une scansion « Louis travaillait au Paradis depuis qu’Emilienne avait perdu sa fille, Marianne, et son gendre, Etienne, dans un accident de voiture. La grand-mère s’était retrouvée seule ave Blanche et son frère Gabriel. Elle avait eu besoin de quelqu’un à la ferme. Pas pour les enfants, pour tout le reste. »
Un Paradis, pas si loin de l’Enfer, un Paradis devenu Enfer petit à petit. Un Enfer d’un noir profond dans lequel Blanche s’enfonce jusqu’au point de non-retour.
« Une bête au Paradis », un roman d’une force et d’une beauté inouïes.
Editeur : L’Iconoclaste
Date de Parution : 21 Août 2019
Nombre de pages : 352
Quelques critiques avant même sa sortie, la présence (j’avais d’abord écrit « le passage » ô méprise!) de Cécile Coulon à La Grande Librairie, et ta chronique bien menée: ce sera l’une de mes prochaines lectures!
C’est un magnifique roman, en effet, dans tous les sens du terme et qui a ce pouvoir d’être encore là, une fois le livre refermé.
Un roman fort, fort dérangeant si on se lèse interpeller. Nous, quels sont nos rapports à autrui?
En effet, les rapports à autrui sont toujours mystérieux. Récit dérangeant, je trouve aussi.