Avis : ★★★
Lorsque j’ai tourné la dernière page du deuxième roman de Marianne Maury Kaufmann, « Varsovie-Les Lilas », je me suis demandé ce que je pourrais en dire, ce que pourrais écrire. Ma lecture eut une saveur mitigée, faite de hauts et de bas. Pour preuve, j’ai dû relire le début pour me remémorer l’histoire.
Francine, l’héroïne, charrie derrière elle une vie de chagrin du temps où elle s’appelait Eda et vivait à Varsovie. Elle ne raconte pas, elle ne le peut pas. Alors, elle bouge. Avant, elle marchait, désormais elle prend le bus, le 96 plus précisément et passe sa journée à vadrouiller d’un arrêt à l’autre. Sa fille, Roni, elle ne la voit presque pas et la voir est douloureux. Son mari, Jean, est décédé. Dina, sa voisine « retouchière », elle la fuit. Restent les chauffeurs de bus qu’elle affuble de surnoms, mais auxquels elle n’adresse pas davantage la parole. D’ailleurs, « Les machinistes se posent sans doute parfois la question de savoir ce qui leur vaut cette compagnie, même si, à leur poste, rien n’étonne plus. En tout cas, ils ont bien compris qu’elle ne va nulle part… Ils ont aussi compris que son nulle part elle y va seule. Elle est seule dans la vie tout court, supposent-ils. » Drôle de femme cette Francine qui un jour rencontre une jeune fille… Avril de son prénom… à elle sera-t-elle capable de parler ?
Le début du roman me fut difficile, j’avais l’impression qu’il ne se passait pas grand-chose, je ne comprenais pas ce que cherchait Francine, je courais après elle sans savoir où elle allait, ni moi non plus. Et puis, la plume de l’auteure, parfaite pour décrire l’agitation, mais aussi les ombres et parfois la lumière m’a cueillie et j’ai continué. L’écriture reste pour moi le bon point de ce roman, je l’ai trouvée belle. Mais ça n’a pas suffi. Pas davantage les cliffhangers que l’auteur utilise pour doper l’attention du lecteur, ni même la fin, pourtant pleine d’espoir, ou encore le personnage de « Poutine » qui seul a su m’attendrir.
Alors pourquoi ? Pourquoi n’ai-je ressenti aucune empathie ni pour Francine ni pour la Bougie, ou plutôt Avril. Pourquoi n’ai-je pas été touchée par la vie, les failles, les faiblesses, les chagrins sans doute, de ces femmes ? Pourquoi ne leur ai-je à aucun moment trouvé quelconque intérêt ? Sans doute parce que je n’ai pas tout compris de l’objectif visé. Plus sûrement parce ce n’était pas le bon moment pour moi de lire une telle histoire.
Je le regrette, mais ce roman m’aura laissée à la porte du bus 96.
Editeur : Héloïse d’Ormesson
Date de Parution : 17 Janvier 2019
Nombre de pages : 171
Ce roman a été lu dans le cadre de l’association « Les 68 Premières Fois ».
Hé bien nos impressions se rejoignent totalement!! J’ai mis toute la volonté du monde à aimer ce roman pour lequel j’avais un a priori très positif, j’ai gratté jusqu’aux tréfonds de mon âme à la recherche d’un peu d’empathie pour Francine, mais rien. N’eût été la très jolie écriture de l’auteur à laquelle je me suis cramponnée, je descendais du bus en marche…
Raccord, donc !