Son talent ne s’est pas émoussé. « Les derniers jours de la gauche » dans lequel il s’emploie à la fois à expliquer la faillite des idées de gauche et l’émergence de nouveaux courants… de gauche, est bien un essai sur l’actualité politique. Pourtant, il se lit presque comme un roman. En politique, chacun a ses idées, et j’ai les miennes aussi. Mon objectif n’est pas d’en faire état ici et encore moins de juger l’auteur sur la pertinence des siennes, la qualité de ses analyses ou le bien fondé des opinions qu’il avance.
J’ai beaucoup apprécié l’agencement du récit qui alterne analyses de différents moments « clés » du quinquennat de François Hollande et portraits d’anciens ministres, le tout parsemé de petits « interludes », dialogues imaginaires entre personnages bien réels, eux. Christophe Barbier a ce don particulier de rendre ludique, poétique et drôle un récit a priori rébarbatif. Son humour dévastateur fait mouche. Ses connaissances littéraires encyclopédiques émaillent le sujet de citations d’auteurs, d’Edmond Rostand à Molière, de Cyrano aux Fourberies de Scapin, en passant par Victor Hugo, Chateaubriand, Musset… Les citations latines et grecques sont pléthores et le dictionnaire indispensable à côté de soi pendant la lecture. J’aurai ainsi fait la connaissance d’une « ordalie » (sorte de jugement de Dieu), de « pycnogonides » (petits animaux marins) ou autre « apostasie » (renonciation publique à une religion, une doctrine). La poésie n’est pas en reste et notamment lorsqu’il parle de Christiane Taubira « … et qu’elle fracasserait sa barque nuageuse sur les récifs de la réalité si elle s’aventurait sur la mer électorale pour voguer vers l’île du pouvoir. »
Ancien normalien, l’auteur possède une élégance de la langue qui sublime ses écrits, l’équilibre des phrases et la beauté des mots.
Editeur : Flammarion
Date de parution : 22 Février 2017
Nombre de pages : 302