Je ne suis, naturellement, pas là pour faire une étude comparée des différents titres attribués à ce roman. Pourtant, pour la première fois, j’ai pris conscience de la réelle importance de ces derniers. Pour ma part, je trouve un intérêt à chacun d’eux même si je dois avouer une préférence pour « Les silences » plus proche, me semble-t-il, du thème abordé dans le roman.

Si Edouard Bresson est un humoriste idolâtré par des spectateurs de plus en plus nombreux, si sa notoriété est toujours plus affirmée, si ses spectacles se révèlent toujours plus brillants, on ne peut pas dire que sa vie personnelle soit une réussite. Il a quitté femme et enfant, ou plutôt sa femme lui a demandé de partir. Alors, ne voulant, ne pouvant se résoudre à abandonner sa vie d’artiste il a obtempéré. Seulement voilà, l’absence de son fils qui ne souhaite plus le côtoyer lui pèse de plus en plus. Et l’auteure, dans une construction en deux parties, nous narre l’histoire de la famille Bresson à travers la voix d’Edouard, d’abord, faite de retours en arrière continuels puis d’Arthur, qui part en quête de ce père que, finalement, il ne connaît pas.

Je peux dire que j’ai beaucoup aimé ce roman délicat, émouvant, attachant.

La romancière excelle dans la manière de parler de l’absence, du manque et surtout du silence, des silences, toujours :

« Et le « pardon » d’Edouard n’était jamais sorti, il l’avait gardé au fond de lui, tout au fond de son cœur, tout au fond de sa mémoire, enfoui sous la plus épaisse couche de culpabilité qu’il ait jamais été donné à un enfant de porter. »

Si Edouard souffre, chaque soir, de voir une place vide au premier rang, celle de son fils, qui jamais ne répond à ses invitations, il ne réussit pas pour autant à exprimer sa peine, à dire ses erreurs

Arthur n’est pas en reste qui non plus ne fera pas le premier pas. Et nous allons suivre sa rencontre avec son père savamment orchestrée par Amélie Antoine, mais trop tardive. Ce récit de la non communication à la fois poignant, douloureux, glaçant parfois est par là même universel qui raconte beaucoup de familles et la douleur de leurs non-dits.

Ce récit subtil, à l’écriture simple et limpide, est une belle réflexion sur l’importance des mots dans nos rapports avec les autres. Une belle réussite.

Editeur : LGF
Date de Parution : 2 Mars 2018
Nombre de pages : 408 

Roman précédemment paru aux Editions Michel Lafon sous le titre « Quand on n’a que l’humour »