Le sous-titre « petits et grands caprices de nos présidents de la Vè République », résume à lui seul les propos de cet essai sur les fantaisies, foucades, tocades, folies même de nos Présidents de la République successifs. Et l’épigraphe du début, tirée d’un récit d’Henry James, Voyage en France, « Le château de Chambord a la chance d’avoir été construit par François Ier, dont le nom seul est chargé de beaucoup d’histoire. Pourquoi avoir construit un palais sur cette plaine sablonneuse ? C’est une question qui restera éternellement sans réponse, car les rois n’ont pas de raisons à donner. » se fait encore plus précise.

Par chapitre à thèmes, l’auteure nous donne des exemples précis de décisions prises par le seul Président de la République en place. Que ce soit dans le cadre de la réforme des régions, du choix d’entrer en guerre ou pas ou encore s’agissant de la grâce présidentielle, elle propose à chaque fois plusieurs modèles de verdicts, voire d’ukases.

Nos Présidents, pourtant soucieux a priori du bien-être de leurs concitoyens,  utilisent souvent leur pouvoir à des futilités – et pour leur seul plaisir ou celui de leurs proches – qui seraient drôles si les finances publiques, c’est-à-dire une partie des nôtres, n’étaient pas en jeu. Que dire en effet d’un président qui envoie régulièrement un Falcon de l’armée pour aller chercher un fromage charentais qu’il apprécie particulièrement sur son lieu de production, du même qui impose une série télévisée « L’instit », parce qu’il avait envie de voir quelque chose sur le métier d’enseignant, d’un autre qui récupère sine die une résidence jusque-là dédiée au Premier Ministre, vœu de sa fugace « première dame »,  ou encore un troisième qui « Tout au long de son quinquennat,… a allègrement pioché dans le vivier offert par ses anciens condisciples pour pourvoir tous les emplois. » Le fameux vivier est… la tout aussi fameuse promotion Voltaire de l’ENA.

C’est donc une masse d’anecdotes en tout genre que nous donne à lire Béatrice Houchard.

Journaliste à L’Opinion, habituée des plateaux télévisés et des émissions politiques, elle connaît visiblement son sujet, parfaitement documenté. C’est toutefois un texte qu’il serait nécessaire de lire par morceaux. Une lecture linéaire peut être vite indigeste, même si l’écriture en est à la fois simple et limpide.

Si le diable se cache souvent dans les détails, il semble en être de même pour certaines prédilections de nos Présidents de la République. Et, même si je ne leur envie pas la solitude à laquelle ils sont confrontés, parfois, dans l’exercice de leurs fonctions, j’ai du mal à accepter qu’ils utilisent les voix que nous leur avons données à leurs seuls caprices.

Finalement, la Royauté n’est pas morte, Monsieur de la Fontaine, revenez, s’il-vous plaît !

Editeur : Calmann Lévy
Date de parution : 18 Octobre 2017
Nombre de pages : 270