Quand on découvre dans un roman, « Parmi les miens » le premier de Charlotte Pons, une partie de sa propre vie, quand on y trouve des propos entendus de ses proches ou prononcés soi-même, quand on se rend compte que sa lecture nous replonge au cœur d’événements vécus sinon identiques du moins similaires, c’est étonnant, troublant, bouleversant et douloureux.

Elle nous raconte l’histoire d’une fratrie – Manon, la sœur aînée et narratrice, jeune maman, Gabriel, le frère fragile mentalement et Adèle la petite sœur, homosexuelle enceinte de quelques mois – confrontée à la mort cérébrale de leur mère, suite à un accident de la route.

« Ce qu’il reste d’une famille une fois les enfants devenus adultes ne tient pas à grand-chose et notre fratrie particulièrement n’attend qu’un prétexte pour exploser. »

Tout est dit dans cette phrase à l’écriture simple, nette, précise, tranchante. C’est d’ailleurs le style utilisé par l’auteure tout au long du récit, sans concession aucune, presque administratif, et qui justement percute.

Et, parce que des sujets difficiles à aborder – la fin de vie, l’euthanasie – sont particulièrement bien traités, parce que les sentiments face à la disparition d’un proche sont bien décrits, j’ai lu ce roman avec un intérêt grandissant. Je me suis totalement retrouvée dans le personnage de Manon, politiquement incorrect, qui ose dire les mots qui fâchent tout en étant profondément bousculée. Je me suis retrouvée dans cette fratrie incapable de survivre normalement au départ de leur pilier. Je ne parle pas des secrets de famille, des jalousies, des rivalités… « Ça n’a jamais été facile d’être trois, il y a toujours eu un lésé dans l’affaire. » Je ne dirai pas cette crainte de ressembler, petit à petit à celle qui nous a fait naître… « Tout cet argent que j’ai passé chez le Psy et dans l’opération pour me débarrasser de son héritage. En moi, il n’y a plus trace de maman et, dans le miroir, c’est comme si je ne voyais personne. » Je préfère imaginer, le chagrin que cachent, j’en suis certaine, les propos à l’emporte-pièce de celle qui s’exprime.

Ce roman est noir et parfois dérangeant, mais si délicat et tellement juste que je n’ai pu le refermer avant la fin.

Editeur : Flammarion
Date de parution : 23 Août 2017
Nombre de pages : 192