trop combattif. Alors je ferai simple. Je l’ai trouvé prenant, percutant, touchant, émouvant, dramatique et tellement attendrissant.

L’auteur nous raconte son histoire, elle qui est née à Téhéran, au début de la révolution, elle qui a manifesté dans le ventre de sa mère, elle qui a servi à cacher des tracts dans ses couches, elle qui a dû donner ses jouets au nom du communisme, elle qui a suivi ses parents dans leur exil en France, qui a quitté son pays, sa famille.

Aux confins du journal et du recueil de nouvelles, voire de contes, par touches légères, par petites notes, elle mêle le présent et le passé, son pays natal, sa langue d’origine, et ce pays qui les a accueillis. Elle nous explique avec une tendresse infinie cette guerre que se livrent son avant et son après, ce tiraillement entre ses deux cultures au point de vouloir enterrer la première au profit de la nouvelle. Surtout oublier le Persan, ne pas le parler, préférer le français.

« Il était une fois… Une petite fille qui cherchait sa langue…Où était passé le Persan ? se demandait-elle . »

Pourtant, un jour, elle accepte une loi :

« le persan à la maison, le français dehors ». « Il y avait désormais notre langue et leur langue, nous et eux. Et moi je passais d’un monde à l’autre, d’une langue à l’autre, échangeant mes rôles, jonglant tant bien que mal avec ces deux identités. »

Rien n’est simple quand on ne sait plus qui on est. Mais le Persan, lui sert et notamment pour séduire les hommes, elle leur récite des poèmes, les envoûte.

L’écriture d’une immense beauté, poétique, légère et imagée sert à merveille ce désir de mémoire, le récit des difficultés mais aussi de la richesse, liées à une double culture, les pages magnifiques qui décrivent ses parents, sa grand-mère ou son oncle, les poèmes, l’incommensurable optimisme qui transforme les obstacles en opulence.

Je me suis embarquée aux côtés de cette petite fille et ne l’ai plus quittée. J’ai aimé l’enfant, la femme et j’ai refermé le livre avec au cœur une admiration infinie pour la romancière. Ce fut un voyage d’une insondable richesse.

Un roman sans doute nostalgique mais tellement enchanteur.

Comment terminer sans parler de la magnifique couverture proposée par les Editions « Le nouvel Attila », que je ne connaissais pas, et du bandeau, aussi bien pour le recto que pour le verso et ses vingt-neuf titres potentiels… mais « Marx et la poupée »… une manière de les garder près de soi, ne sont-ils pas restés là-bas, enterrés ensemble au pied d’un arbre ?

Editeur : Le nouvel Attila
Date de parution : 12 Janvier 2017
Nombre de pages : 208