Adèle Reverdy, donc, est une jeune femme qui exerce un métier quelque peu particulier, il faut bien l’avouer. Elle est directrice d’une entreprise de pompes funèbres, entreprise familiale qu’elle a repris après le décès de ses parents. A métier particulier, vie particulière. Adèle est seule, en mal d’amour. Le trouver n’est pas simple pour quelqu’un qui ne s’aime guère, lestée de quelques rondeurs, le teint blême, l’allure stricte, et exerce une profession qui touche à la mort. Mais un jour… le jour de ses trente ans exactement… elle fait une rencontre…

Akli Tadjer n’a pas son pareil pour transformer une situation délicate en un délicieux moment tendre et drôle. J’en veux pour preuve les conseils qu’elle prodigue à un intérimaire tout juste embauché sur la manière d’accueillir la clientèle :

« Leçon n°1, on ne souhaite pas le bonjour au client dans le malheur. Pas plus qu’on ne dit « Que puis-je pour vous ? ». Pas plus qu’on ne se fend d’un « A bientôt » ou d’un « Bonne journée tout de même ». A bannir aussi « C’est bien triste tout ça mais c’est le sens de la vie ». On accueille le client en inclinant légèrement la tête puis, sur le ton le plus neutre, on dit : « Je suis à votre service ».

Il excelle également dans l’étude de ses personnages, tous décrits avec empathie, douceur, bienveillance et qui portent en eux la simplicité, la bonté et l’indulgence des grands. Leïla, thanatopractrice et musulmane affronte avec courage le rejet de ses parents face à un tel métier et celui de ses soupirants qui ont de la même façon tendance à s’enfuir à l’annonce de cette pratique. Je n’oublie pas Léo, la belle rencontre d’Adèle mais vous laisse le plaisir de découvrir ce personnage hors du commun.

J’ai aimé ce roman – et même plus – pour la modestie de l’écriture qui laisse toute la place aux personnages. J’ai aimé ce roman pour la tolérance omniprésente en filigrane. J’ai aimé ce roman pour le choix d’un milieu peu représenté en littérature, pour la saveur des propos de l’auteur. Et même si la fin a un parfum d’eau de rose, elle apporte tant de finesse dans notre monde de brutes que je l’ai savourée tel un berlingot de lait concentré sucré…

Editeur : JC LATTES
Date de parution : 26 février 2014
Nombre de pages : 313