L’habit ne fait pas le moine, c’est bien connu et la couverture ne fait pas le roman non plus.

Pourtant, elle me sert souvent de premier critère de choix pour mes lectures. Et j’avoue que celle du premier ouvrage de Marion Messina, « Faux départ » me plaît beaucoup. J’aime ce côté cour d’école, et cette marelle multicolore avec un CDI en guise de ciel.

Mais si la marelle est coloriée, le roman, lui, est plutôt un camaïeu de teintes sombres.

Il raconte l’histoire d’Aurélie qui tente de s’extraire de ses origines modestes en traînant son ennui dans une fac de droit et d’Alejandro un jeune Colombien venu terminer en France des études commencées à Bogota car c’est bien pour un Colombien de posséder un diplôme européen. Ils se rencontrent sur le lieu de leur travail ou plutôt de leur petit boulot… il faut bien vivre. Pour le reste, il faut le découvrir.

Le livre ouvert, je n’ai pu le refermer avant d’être arrivée au bout. J’ai été entraînée par l’écriture, sèche, rapide, addictive de l’auteur. C’est étonnant, car comment peut-on être ainsi happée par une écriture aussi froide, digne d’un rapport de police ? Marion Messina ne fait pas dans l’eau de rose, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle nous dépeint au contraire le monde avec un pessimisme noir, sans fioritures, et ne nous cache rien des galères auxquelles sont confrontés les jeunes actuellement entre l’université

« Pour l’immense partie des jeunes français, l’université était un choix par défaut, un univers où ils étaient parqués afin de ne pas faire exploser les chiffres du chômage. »

les petits boulots plus humiliants que rémunérateurs

« Elle avait postulé via le site de Pôle emploi à une annonce pour un poste d’agent de propreté en pensant à sa mère et avec l’affreux sentiment de valider les thèses du déterminisme de Zola, qu’elle avait toujours détesté. »

les problèmes de logement, de transports et autres difficultés de la vie quotidienne pour ceux qui ne sont pas nés dans des draps de soie.

Même l’amour, qui ne réjouit au mieux que les corps, porte des lunettes noires. Et le portrait est bien désenchanté d’une jeunesse en quête d’idéal. S’il est vraisemblable que tout un chacun a un jour le sentiment d’être passé à côté de sa vie, c’est en général après l’avoir vécue. Ne pas avoir vingt ans et déjà imaginer avoir raté son existence est d’une grande tristesse.

Alors, même si je l’ai lu d’une traite, même s’il relève d’une étude réaliste de la société actuelle, même s’il est intrigant et cinglant,même si son écriture est décapante, ce récit me laisse un goût amer, sans doute parce qu’il  ressemble à un cri d’alarme . J’aurais préféré continuer à croire que le monde est meilleur, que les jeunes sont heureux, heureux de vivre et d’étudier.

Editeur : Le Dilettante
Date de parution : 20 Août 2017
Nombre de pages : 224