Avis : ★★★★

Du premier roman de Maëlle GUILLAUD, « Lucie ou la vocation » je n’ai fait qu’une bouchée mais je l’ai savouré et m’en suis régalée du début à la fin.

Je peux dire la même chose à propos de son deuxième « une famille très française », sorti récemment.

Il n’est pas, cette fois, question de religion – encore que – mais nous suivons les états d’âme d’une adolescente, Charlotte, fille d’une maman d’origine séfarade et d’un père breton et médecin. Elle adore ses parents et sa grand-mère, oui mais… quand elle rencontre Jane et sa famille… Jane est grande et blonde, sa mère Marie-Christine très élégante avec son collier de perles, son père Bernard est beau, il a de l’humour. Ne parlons pas de Gabriel, le fils, sous le charme duquel Charlotte tombe immédiatement. La comparaison est, naturellement, favorable à cette famille « très française ».

L’écriture fluide, simple, sans ostentation de Maëlle Guillaud fait mouche.

Elle traduit à merveille les doutes, les questionnements, les difficultés de l’adolescence : difficultés à s’assumer, à aller au-delà des apparences, à démêler le vrai du faux. La romancière possède un énorme talent pour démontrer la difficulté à se construire, à passer de l’enfance à l’âge adulte, à faire siennes ses origines aussi variées soient-elles. Les autres ont tellement plus d’intérêt, et pourtant « A force de vouloir leur ressembler, j’ai été comme anesthésiée… au fond, je n’ai rien fait d’autre que d’essayer d’oublier mes origines, de les gommer. J’en ai honte. Quelle idiote. Je n’ai cessé d’encourager mon démon intérieur pour m’inventer une autre vie. »

Je me suis moi-même retrouvée dans cette Charlotte prompte à renier les siens au profit d’un miroir aux alouettes.

Véritable conte initiatique, ce roman nous démontre que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. Il est aussi une invitation à trouver en soi, sans comparaison aucune, son propre bonheur, entouré des siens avec leurs particularités. L’ouvrage est d’une grande justesse qui sonde l’âme au plus profond et la tension qui s’installe au fil des pages, soutenue grâce à de courts chapitres, m’a tenue en haleine jusqu’à la fin.

 

Editeur : Héloïse d’Ormesson
Date de parution : 12 Avril 2018
Nombre de pages : 208