Je remercie très sincèrement les Editions de l’Age d’homme à Lausanne pour cette magnifique double découverte.

Depuis un certain temps maintenant, je me régale de la lecture d’auteurs romands. Je leur trouve un je ne sais quoi de particulier dans leur manière d’écrire, une simplicité de forme qui sert à merveille la profondeur du récit. Ce « Cri du Diable » ne fait pas exception à la règle. J’ai presque envie de plagier Corneille et de dire « …mais aux romans superbement écrits la valeur n’attend pas le nombre de feuillets ». C’est vrai, ici, cent dix-neuf pages, 8 parties, soixante-dix-huit chapitres, septante huit devrais-je dire. Mais les chapitres sont si courts – deux phrases parfois – qu’on les parcourt à la vitesse d’un cheval au galop… et on y revient au pas pour les lire, les relire, s’imprégner des mots.

Ce roman, car c’en est un, ressemble davantage – à mes yeux – à un poème en prose.

J’ai eu envie de l’apprendre par cœur. Pourtant, il y a un fil, une histoire, celle de Camille et de sa jalousie… elle aime, Camille, et attend en retour un amour sans partage. Et, même si de partage il n’y a pas, le doute en elle s’installe, la noirceur, l’horreur, la haine et la vengeance.

La couleur est partout, mais terne, triste. Dans le prologue l’auteur le dit : « Le noir, pour les nuits sans lune… Le gris, pour les plis de l’hiver, pour la brume qui se traîne…. Reste le blanc. »  Avec parfois des taches plus vives « … tableaux où les rouges sont fraise, sang, feu, les bleus sont saphir, nuit, roi, les jaunes ambre, maïs, safran… ». Ce ne sont plus des mots que l’auteur nous offre mais un tableau, une œuvre picturale d’une beauté inouïe.

L’écriture est ainsi, belle, simple, poétique…

« Le bonheur est un fil tendu au-dessus du vide. Camille, funambule, s’élance ». C’est léger, aérien…jusque dans la douleur, la noirceur, le malheur. Si j’osais je qualifierais le texte de merveille, de chef-d’œuvre… Car tout est ordonné, se suivent les chapitres et le diable son chemin « La jalousie, parasite jamais rassasié, elle se loge dans la fange des cœurs, y plante ses dents qui sont comme des harpons, et autour d’elle tout est souffrance, jusqu’à l’agonie. » Et pourtant, dans l’épilogue, toujours « La couleurpour le coquelicot égaré dans les blés, pour la goutte de pluie qui roule sur la rose, le ciel après la grêle… »

Difficile de trouver les mots justes quand ceux de l’auteur sont si beaux.

Mais vous aurez peut-être compris, ce roman fut un véritable coup de foudre et je peux vous assurer que la dédicace « A Geneviève » n’y est pour rien. Non, non, ce n’est pas à moi que ce livre est dédié.

Editeur : l’Age d’Homme
Date de parution : 31 Août 2016
Nombre de pages : 119