Et là c’est encore davantage : mon deuxième coup… de foudre de l’année et même un coup de foudre plus, plus, plus.

J’ai lu « Cœur-Naufrage », le roman de Delphine Bertholon, en apnée, le cœur serré souvent, le sourire aux lèvres parfois et les larmes au bord des yeux. Plonger dans ce récit c’est vivre aux côtés de Lyla, Lyla avec un « Y », comme elle ne cesse de le préciser.

Lyla est une jeune femme de trente-quatre ans, traductrice, une existence plutôt bancale. Elle a bien un amoureux, N., mais il est marié. Elle aimerait bien rendre visite à son père qui vit désormais à New-York, mais elle a peur de l’avion. Elle a du mal à vivre, quoi ! Mais voilà qu’un soir, son répondeur téléphonique lui livre un message… qui va tout changer… « J’avais le passé et l’avenir entre les mains mais, comme d’ordinaire, je n’avais pas le présent. »

L’auteur n’a pas eu besoin de me prendre par la main pour que je la suive, elle n’a pas eu besoin de me pousser pour que j’entre dans l’univers de Lyla et de… Joris. Oui, Joris, c’est lui le message. Ils se sont connus il y a dix-sept ans sur une plage. Delphine Bertholon nous promène alors allègrement d’aujourd’hui à hier, de Lyla à Joris.

Elle nous donne à comprendre leur présent à travers leur passé, à ressentir leurs joies, leurs chagrins, leurs colères.

La romancière sait parfaitement tisser les liens entre l’avant et le maintenant, révéler les non-dits petit à petit et mettre un mot sur les malaises. Elle sait tout aussi bien montrer que rien n’est jamais contraint, que tout peut toujours bouger. Elle sait tellement bien décrire les sentiments que ceux-ci deviennent nôtres. Car si « Cœur-Naufrage » poème (écrit par Lyla pour son premier amoureux) et roman m’a tant touchée, c’est que les faits sont vraisemblables. C’est une histoire, certes, mais elle aurait pu être la mienne ou celle de ma voisine. Lyla n’est pas un personnage de roman, c’est la girl next door, celle que l’on côtoie chaque jour, et c’est pourquoi elle semble si proche. L’écriture est moderne, vive et délicate en même temps, forte et sensible tout à la fois, musicale, imagée.

« Les cicatrices étaient récentes, mes veines avaient repeint le carrelage de la douche à peine trois ans plus tôt. J’avais le cœur tranché…« 

Elle ne s’attache pas toujours aux codes grammaticaux chers à mon cœur – sujet, verbe, complément – mais ça lui donne un rythme, une cadence qui subliment les mots et enrichissent les phrases.

En un mot comme en cent, ce récit est magnifique, touchant, envoûtant, captivant et ce n’est pas la fin, jolie certes mais un peu trop oublieuse du personnage de Joris à mon goût, qui me fera changer d’avis.

Editeur : J.C. Lattès
Date de parution : 1er Mars 2017
Nombre de pages : 304