« La beauté des jours », nouveau roman de Claudie Gallay, c’est l’histoire de Jeanne, la vie de Jeanne, les questionnements de Jeanne, les regards de Jeanne sur la vie, son travail, sa famille, ses amis et…Marina Abramovic, artiste serbe qu’elle idolâtre.

Plonger dans ce récit c’est se retrouver aux confins d’un film d’Eric Rohmer – elle parle d’ailleurs de l’un d’entre eux qui passe à la télé un soir « Rémy n’aimait pas les films de Rohmer. Il disait qu’il ne s’y passait rien. » – et de « La route de Madison ».

Plonger dans ce récit c’est suivre Jeanne, l’écouter, la voir vivre.

C’est la suivre, pas à pas, à la fois amoureuse de l’habitude « – Je n’aime pas changer mes habitudes – Les habitudes c’est fait pour être changées – Je ne vois pas pourquoi », ces petits riens que l’on ne change pas, son macaron du mardi apporté par Rémy, son mari, un parfum différent chaque semaine et dans un ordre bien précis, son travail à la poste, les clients dont elle regarde d’abord les mains pour essayer de deviner les visages. C’est la suivre partout, elle qui suit parfois des gens dans la rue. La routine, c’est sa vie à Jeanne et pourtant elle aime aussi les surprises, l’inattendu, comme cette artiste serbe découverte l’année du bac grâce à un professeur et dont elle garde depuis une photographie.

Plonger dans ce récit c’est sourire à l’empathie de l’auteur pour ses personnages,

c’est se rafraîchir de sa belle écriture, de ses mots posés là, délicatement, comme si de rien n’était, cette écriture d’une finesse inouïe, d’une légèreté indicible, d’une musicalité singulière.  C’est bien ce que je disais, en lisant, je voyais un film de Rohmer, j’entendais les mots des acteurs et surtout leur silence, je voyais la lenteur des gestes et l’amour des gens. Je voyais Jeanne perdue entre sa vie de simplicité, ancrée dans la terre et ses envies d’ailleurs, de cet amour de jeunesse rencontré des années plus tard, par hasard, et qui pourrait la faire basculer.

Plonger dans ce récit c’est aussi comprendre la puissance de l’art,

son pouvoir sur l’âme, sa force de libération car, si la routine rassure, l’inattendu transcende. Ainsi Jeanne aura besoin de connaître autre chose pour revenir à sa vie, à l’amour de son mari, à ses rituels. Roman superbe.

Ce roman fait partie des 35 finalistes en lice pour le Prix du roman FNAC 2017.        

Editeur : Actes Sud
Date de parution : 16 Août 2016
Nombre de pages : 416